Dans le cadre du projet de réaménagement de la place de la République, ainsi que des voies et places adjacentes au coeur de Limoges, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) mène, sur prescription de l’État (Service régional de l’archéologie, Drac Nouvelle-Aquitaine – site de Limoges), une surveillance archéologique des travaux depuis juin 2018.
Une fouille extensive a été demandée plus particulièrement à l’emplacement de la place Fournier, zone sur laquelle des sondages ouverts en 2016 avaient révélé la présence de tombes à seulement 40 centimètres sous la surface des rues et trottoirs. Cette fouille, débutée le 8 février dernier, se situe en bordure d’un des pôles urbains médiévaux entre la grande abbaye Saint-Martial au nord et la chapelle de la Courtine au sud-ouest.
L’enjeu principal de cette intervention est d’observer l’évolution du quartier aux périodes médiévale et moderne. Il s’agit de définir les limites des systèmes défensifs du Xe au XIIe siècle, avant leur extension au XIIIe siècle jusqu’aux boulevards actuels (carrefour Tourny). On sait que dès le Xe siècle, l’abbaye s’entoure d’une fortification, sans doute un large fossé, qui s’agrandira par la suite pour intégrer la motte vicomtale implantée sur la place de la Motte. Ces fossés visibles en surface aujourd’hui sur la fouille, peuvent atteindre 20 m de large pour une profondeur de près de 5 m.
Une partie du chevet de l’abbatiale du Sauveur a aussi été découverte sous la forme d’une absidiole. Entre cette dernière et le mur d’enclos s’étend le cimetière. Certaines tombes sont « en pleine terre » (l’individu était enterré dans un linceul ou un cercueil de bois disparu), d’autres ont leurs parois doublées d’alignements de pierres. Les plus nombreuses cependant sont aménagées à l’aide de carreaux de terre cuite rouge.
Les squelettes sont dégagés minutieusement par les anthropologues. Après observations et prélèvements, les ossements feront l’objet d’une étude en laboratoire dans le but d’obtenir des informations sur la population inhumée, le sexe, l’âge des individus et éventuellement d’identifier des pathologies.
À ce jour, deux ossuaires ont été dégagés, ce sont de petits édifices maçonnés de plan carré.
On mentionnera aussi la découverte d’un grand four destiné à la fabrication d’une cloche. Des pierres de l’abbaye moulurées et peintes de couleurs vives ont été réutilisées dans la confection de ce four.
Ce site renouvellera les connaissances sur l’organisation de ce quartier de Limoges à la période médiévale.
Les fouilles antérieures ont apporté de nombreuses informations sur les édifices religieux eux-mêmes, ce secteur était jusqu’alors inconnu archéologiquement. En effet, les plans les plus précis et les plus anciens à notre disposition remontent au plus tôt à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Chacune des structures ou chacun des niveaux est susceptible de livrer du mobilier archéologique : ossement, céramique, éléments métalliques, pierres taillées… Ce mobilier, après lavage, sera étudié de manière à en tirer des datations et des informations sur la vie quotidienne des habitants.
L’Inrap
L’Inrap est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Il réalise chaque année quelque 1 800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.